"Nous sommes sans cesse renvoyés à notre image en mieux dans une perpétuelle défaite" - Pierre Furlan
Combien de temps passons-nous dans nos vies à essayer de coller à des stéréotypes ? Un stéréotype ne s'inquiète jamais de ce qui est bon et juste pour chacun d'entre nous. Il ne nous dira jamais que le véritable bien-être est dans l'acceptation de sa singularité, dans la joie pleine et entière d'être soi. Il nous incite à nous conformer à un modèle, à une image ou un cliché qui prendront en charge notre identité à notre place.
En matière de stéréotypes physiques, il n'est pas facile de résister aux nombreuses injonctions qui s'adressent à nos corps tant elles envahissent l'espace public.
"Complexez, complexez, il en restera toujours quelque chose."
Depuis quelques décennies, cette expression malveillante est le leitmotiv de ceux qui veulent nous vendre quelque chose dont nous n'avons pas besoin. Comment persuader un lapin d'acheter un déodorant ou une crème antirides ? Suggérez-lui que la nature l'a rendu dangereusement vulnérable au temps qui passe, imparfait et dépendant du regard des autres. Assimilez ses fonctions corporelles à des phénomènes primitifs et embarrassants. Montrez-lui à longueur d'année à quel modèle il devrait ressembler, ce vers quoi il doit tendre pour pouvoir rejoindre le groupe des lapins triomphants. La liste est longue et variable à l'infini.
Une fois le lapin installé dans une forme d'anxiété et de perpétuelle insatisfaction par rapport à son corps et son image, vous le tenez, et la plupart du temps, il vous achètera quelque chose.
Les neuro-sciences nous ont appris pourquoi et comment nous sommes si facilement influençables, elles participent même aujourd'hui aux stratégies commerciales de l'influence. Lorsque nous faisons ce constat, il en va de notre estime de soi et de notre amour propre. On ne peut pas attendre que notre culture évolue pour prendre en charge ce qui relève de notre liberté et de notre responsabilité.
Il est complètement légitime et agréable de prendre soin de son corps, d'avoir un style et une image qui nous plaisent et nous correspondent. Mais même s'il est ce que tout le monde voit en premier, notre corps appartient à notre sphère intime et privée. Il est notre unique véhicule pour traverser la vie, et le maître à bord, ce ne sont ni les passagers, ni l'environnement, mais le conducteur.
Crédit photo Ann-Ber - Récit le Vent du changement